C'est mon jour d'indépendance

C'est mon jour d'indépendance


Angèle est aide-soignante. Sa vie de rien oscille entre Thérèse sa mère toute puissante, les soins quotidiens aux personnes agées ses "fidèles abonnées", Chut son fils autiste, la mort de son père, le dictionnaire qui allège son quotidien et ses fréquentes visites au bord d'une plage sauvage...
Un jour - et c'est aujourd'hui - Angèle décide de mettre fin à une existence trop pesante. Ainsi s'échappe-t-elle, comme elle peut, en entraînant délibérément quelqu'un dans sa "chute" vers la liberté.

Extrait de Presse

Stéphanie Marchais s'exprime dans une écriture intense au monde lourd de secrets, de douleurs ressassées, de petites gênes et de grands malheurs. Avec C'est mon jour d'indépendance, elle trace le portrait d'Angèle, une jeune aide-soignante qui commet l'irréparable, largue les amarres... Cinglée ? Malheureuse, enfermée dans une vie de culpabilité, elle ressasse son enfance détruite par la mort du père auprès d'une mère égocentrique. Le monde n'est pas un tapis de roses chez Stéphanie Marchais. Mais nulle complaisance n'alourdit le trait. On s'attache à ses personnages. Il y a de l'acidité dans l'air, de l'ironie, une manière de se moquer de soi-même, une écriture bien rythmée, mordante, imagée. Au centre de l'enjeu, les rapports amour-haine d'une mère et de sa fille. Une pièce forte à l'écriture redoutablement efficace.
Marion Thébaud, Le Figaro

Spectacles

︎︎︎C’est mon jour d’indépendance, mise en scène de  Géraldine Danat

Extrait


Angèle - Un jour Madame, elle ne devra plus rien à personne Angèle, elle aura payé sa dette et pourra enfin vivre sa vie.
Un jour Madame, elle poussera sa mère dehors avec toutes ses miettes et ses vérités, même à 95 ans s'il le faut, y'a pas d'âge pour faire ses poussières.
Un jour elle ne sera plus empêchée Angèle et fera ses valises, sans prévenir personne rien pas une carte postale non mais !

J'étais une enfant calme et unique savez-vous,  qui lisait beaucoup et parlait à ses poupées. Mes filles, je ne les coiffais pas, je ne les vêtissais, pas je ne les bisouillais pas mais je les tapais dans les coins du lit exprès pour les abîmer.
Après je les soignais et les bandais à l'endroit du cœur, c'est tendre et frais. J'aurais voulu être chirurgienne pour réparer les gens en morceaux, mais j'avais pas les capacités a dit ma mère, j'étais pas bien douée a dit Thérèse qui savait ce qu'elle disai,t alors à la place j'ai fait aide-soignante, c'est pas mal non plus niveau dextérité
J'ai pas mon pareil pour trouver une belle veine, mais zut à la fin ça n'a pas le même prestige que chirurgienne socialement parlant!Ca m'aurait bien plu quand même quand j'y pense, mais j'avais pas les capacités a dit maman, alors on finit par devenir les mots définitifs qu'on vous répète sans cesse et c'est bien chagrinant d'être trahie par sa langue maternelle.

J'ai soif.

C'est mon jour d'indépendance aujourd'hui je suis lasse et j'ai soif.
Offrez moi à boire Madame, vous permettez je m'assois parce que je fatigue debout toute la journée à faire des piqûres et des prises. Visionner d'la fesse.

Un martini blanc.
C'est bien rafraîchissant, ça s'avale comme l'orgeat de ma grand-mère l'été sous le parasol, je croquais les glaçons j'avais mal aux dents, je rigolais en tirant ma langue toute piquée de points blancs.
Thérèse me disputait, elle tape dans les boîtes celle là elle disait et moi je répondais, j'avais de la répartie à cette époque parce que j'étais jeune et sans peur, sacrée Thérèse non mais !